❝Fatiguant. Qu'est-ce que je peux haïr la rentrée. Plus que tous les autres mois de l'année, celui-ci est le pire. Entre les dossiers à vérifier, les professeurs à briffer. Aucun repos. Nada. C'est surtout dans ces moments-là qu'on aimerait être comme tout le monde. Au pire être un pensionnaire, qui doit juste rejoindre sa classe et se taire. Non bien sur, en tant que directeur, j'ai d'autres devoirs. Bien plus importants. Ce que je peux haïr la rentrée. Vraiment. Pour ne pas arranger les choses, il y a toujours quelque chose qui cloche. Des dossiers incomplets. Les attentes des professeurs. Tout un planning à organiser ! Bon sang. Cela ne fait qu'une semaine, une semaine et j'ai déjà tout envie de foutre en l'air. Tout ça pour quoi ? Pour une lettre. Un simple bout de papier. Mais ce n'est pas le moment de penser à ça.
J'étais là, assis sur ma chaise, dans mon bureau. Face à une pile de document. Immense. Je lâcha un soupir, long. Montrant mon agacement. Il fallait que je me rende à l'évidence. Pour un certain temps, il fallait que je calme mon côté fêtard. Que je dorme un peu plus qu'une heure par nuit. Il va falloir que je me rappelle pourquoi donc j'ai décidé d'être directeur ! Heureusement que je ne suis pas comme les principaux que j'ai pu rencontrer. Plus sinistre qu'eux tu meurs ! Je suis bien fier de moi parfois, pour ne pas dire tout le temps. Mon regard se posa sur l'horloge, qui indiquait huit heures trente du matin. Génial, je viens seulement de commencer ma journée et je suis déjà gaver. Je retournerais bien dans mon lit là. En fait, rien ne m'en empêche, je fais ce que je veux. Mais plus je repoussais le boulot et plus j'en aurais plus tard. Et ça il en était hors de question ! Je hais être enfermé dans mon bureau. Alors plus je faisais mon boulot tranquillement et rapidement, moins je resterais ici. Je commença à fouiller dans la pile en face de moi. Durant plusieurs heures, les minutes s'écoulaient, mais je ne me concentrais pas dessus. Non, j'étais à fond dans mes papiers. Lorsque le téléphone se mit à sonner. Et voilà, moi qui était partie sur une bonne lancée, on me coupa dans mon élan.
Après une bonne demi-heure passé au téléphone et d'un accord commun avec l'interlocuteur, je raccrocha. J'avais de nouveau des rendez-vous à ajouter à mon calendrier. Un jour cette pension me tuera. Quoique je suis bien destiné à vivre au moins jusqu'à deux cents cinquante ans ! Mon regard se posa de nouveau sur l'horloge. Midi trente. Je me disais bien que mon ventre réclamait son du. Je me leva et me dirigea chez moi. Autant les professeurs et les surveillants, ainsi que les pensionnaires étaient dans les dortoirs, derrière la pension, il y avait une maison, où je logeais. Mon intimité était ce qu'il y avait de plus important, mais j'en avais surtout besoin lors de mes conquêtes, je n'allais pas le nier. Je marchais d'un pas lent, profitant au passage de ce temps de fin d'été. Doux, agréable et frais. Autant j'aimais l'été, autant j'adorais arriver en hiver. Mon regard se posait sur le jardin de ma pension, aussi neuf que la façade du pensionnat.
Je repensa alors à l'incendie. Aujourd'hui encore je me demandais comment cela avait pu arriver. C'était une catastrophe, mais la cause était encore inconnue. C'est à ce moment-là que j'avais pris conscience de l'importance de mes fréquentations. Grâce à ça, j'avais pu la faire reconstruire rapidement, contrairement au général où il fallait au minimum attendre un an, si ce n'est plus. Je pense que je regretterais éternellement la
première version de ma pension, mais il fallait que je me rende à l'évidence que le nouveau bâtiment était bien plus impressionnant que le premier. Je m'étais surpassé ! Les fleurs du jardin était encore ouvertes, en fin de vie surement, car bientôt l'hiver viendra prendre leurs éclats. Je m'arrêta. En faite, je n'avais pas si faim. C'était surement une excuse que je m'étais trouvé pour sortir de la pièce dans laquelle j'étais depuis ce matin. Je changea de direction. J'alla vers ma serre, fermé à clé. Interdit à tout public, sauf si j'y donnais l'autorisation. Généralement, je ne donnais mon accord que quand j'étais là. C'est que ce jardin est comme un trésor. Un jardin secret comme on pourrait appeler ça. J'adore y passer du temps. Je ne pouvais jamais être déranger. Mais parfois j'oubliais de fermer et l'année dernière, j'avais eu des surprises inattendues. Si je devais m'en souvenir d'une en particulière, ça serait avec cette surveillante, encore là aujourd'hui. Ça avait été amusant, mais pas à son goût, sauf que ça je m'en fichais royalement.
Je me posa. Au milieu de la serre, il y avait ce banc, confortable sur lequel je pouvais rester des heures durant. Mes yeux se fermèrent. Une pause s'imposait.
Je m'assoupis un moment. Lorsque je ré-ouvris les yeux, mon réflexe fut de regarder l'heure inscrit sur mon portable. Quinze heures vingt. Une bonne sieste. On aurait dit un enfant. Mais même lorsqu'on grandit, ça ne fait pas de mal. Au final, ma journée était fichue, dans le sens où je ne me voyais pas retourner à mon bureau pour bosser. J'étais détendu et j'avais envie de profiter, de jouer même. Mais jouer à quoi ? Toute la question était là. Alors je repris de nouveau mon portable. Je parcourra mon répertoire. Je tomba sur un nom, au hasard ; Tadase. C'était l'androïde que j'avais acheté au début d'année. Une véritable merveille, on dirait réellement un être humain et si j'avais choisis ce modèle sur les cinq qui existaient c'était parce que de tous les prototypes, elle était la mieux roulée. Il fallait l'avouer.
Je tapa rapidement sur l'écran tactile pour lui envoyer le message suivant : «
Aide... serr..viens vite... » Evidemment il n'y avait aucune urgence, rien, que dalle. Mais faire paniquer quelqu'un un instant c'est toujours amusant. Mais pire encore, si sa panique amplifiait à son arrivé ? À cause d'une mise en scène vulgaire ? C'était tout aussi passionnant. Mais le plus drôle, c'est surement la réaction lorsqu'on se rend compte qu'on est victime d'une farce. J'étais sûre qu'elle marcherait, parce que j'étais son
maître comme on peut le dire. La vie de son maître est toujours important !
Lorsqu'elle arrivera, elle me trouvera là, allonger au sol, inconscient. Je suis un excellent comédien. Je sais faire toutes sortes de choses, ici ce serait le "mort" durant un petit bout de temps, un temps suffisamment important pour faire faire une crise à n'importe qui. Ce n'était que la partie une, la suite serait surement plus amusante ! Il n'y a pas à dire, c'est nettement mieux qu'être enfermé dans un bureau. Tadase, elle sevrait être mon remède contre mon ennui.
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